Vacance du Saint-Siège
Brèves réponses à certains articles de la Fraternité contre la “Thèse de Cassiciacum”
Par la revue Sodalitium
Note : cet article a été publié dans la revue Sodalitium n°44
Dans l’éditorial de ce numéro nous avons signalé au lecteur certains articles de Sì sì no no contre la Thèse de Cassiciacum du P. Guérard des Lauriers, soutenue aussi par notre Institut. Voici une brève réponse aux articles en question.
I. Réponse à Sì sì no no, édition italienne, du 31 janvier 1997.
Il s’agit d’un court entrefilet dans lequel Sì sì no no répond au premier des articles de l’abbé Murro sur Les erreurs de Sì sì no no (Sodalitium, n° 43, pp. 35-38, avril 1997) qui suivait un autre article sur La règle de notre foi (ibidem, pp. 31-34). A ce jour, pas de réponse à l’étude bien plus imposante du même auteur intitulée Les erreurs de Sì sì no no (IIème partie) : le Magistère selon l’abbé Marcille (Sodalitium, n° 43, avril 1997, pp. 38-58) [si ce n’est une lettre privée de l’abbé Marcille à l’abbé Murro dont il est question dans l’éditorial]. Sì sì no no se garde bien, dans sa réponse, de citer Sodalitium (qui doit rester inconnu au plus grand nombre).
Après avoir mis en doute notre sincérité et notre bonne foi, Sì sì no no aborde en deux mots une seule des questions soulevées, et à travers la réponse on voit qu’ils n’ont pas du tout compris ce que nous voulions dire. “Du dépôt de la foi en effet - écrit Sì sì no no - pourront être déduites des vérités implicites, comme l’Immaculée Conception, mais jamais des choses en contradiction avec la Foi constante de l’Église. Nier ou masquer aux yeux des fidèles un principe aussi fondamental et précieux en temps de crise comme les temps actuels est - qu’il nous soit permis de le dire - faire, bon gré mal gré, l’œuvre du démon”. Les rédacteurs de Sodalitium s’ébahissent, puisque jamais et au grand jamais ils ont soutenu que du dépôt de la foi on puisse déduire “des vérités” (plutôt des hérésies) en contradiction avec la foi ! Que Vatican II contredise la doctrine de l’Église, nous l’affirmons nous aussi, avec Sì sì no no. Qu’un fidèle puisse s’en rendre compte, nous le soutenons pareillement. Que ce fidèle doive donc se conformer à la foi de l’Église et non à Vatican II qui la contredit, tout lecteur de Sodalitium ne le sait-il pas parfaitement. Et alors ?
Et alors Sì sì no no déplace le problème (nous attribuant ce que nous n’avons jamais dit) pour cacher le point crucial : comment est-il possible qu’un Pape (Paul VI ou Jean-Paul II, pour Sì sì no no) et un Concile Œcuménique (Vatican II) contredisent la foi de l’Église ! Les articles de l’abbé Murro ont démontré que ce n’est pas possible, c’est pourquoi : ou la contradiction n’est qu’apparente (mais cela n’est pas) ou Paul VI et Jean-Paul II n’étaient pas et ne sont pas Papes, et donc Vatican II ne fut pas un Concile légitime.
“Normalement la source prochaine de la foi est le magistère ordinaire - écrit Sì sì no no - mais puisque cette source prochaine puise à son tour à une source éloignée, qu’est la divine Révélation que l’on peut trouver dans la Tradition constante de l’Église, personne ne peut empêcher que, en cas de crise, même le simple fidèle (comme cela arriva aux temps de Nestorius et d’Arius) interroge cette source éloignée pour reconnaître ce qui n’est pas catholique”. C’est vraiment difficile en si peu de lignes d’additionner tant d’erreurs et d’imprécisions. Au risque de nous répéter expliquons à Sì sì no no (qui nous invite à “étudier mieux, beaucoup mieux, la théologie catholique”) ce qui suit :
1) Le magistère, ordinaire ou solennel, est toujours (et non seulement “normalement”) la règle prochaine (et non la “source”) de notre foi (et non “de la foi”).
2) Que la Révélation (Écriture et Tradition, et non seulement la “Tradition constante”) est la règle éloignée (et non la “source”) de notre Foi (et non “de la foi”).
3) Que “la source prochaine” (sic) ne “puise pas à son tour dans la source éloignée” (sic). Les choses sont ainsi : nous devons croire tout ce que Dieu a révélé dans l’Écriture et dans la Tradition (verbo scripto vel tradito) ; (et ceci est la règle éloignée, c’est-à-dire n’est pas immédiate pour nous). Mais pour connaître ce qui est révélé, à savoir ce qui est enseigné vraiment par l’Écriture et par la Tradition, le catholique n’interprète pas librement l’Écriture (ou la Tradition) comme fait le protestant, mais s’adresse au magistère de l’Église (Pape seul, ou Pape et Évêques en communion avec lui) qui seul peut lui enseigner le sens authentique de la Révélation (justement pour cela l’Église, non le simple fidèle, est assistée par le Saint-Esprit !). Telle est la règle prochaine de notre foi : je dois croire ce que Dieu a révélé (règle éloignée), mais pour savoir ce que Dieu a effectivement révélé je dois le demander à l’Église (règle prochaine, c’est-à-dire immédiate : celle à laquelle je m’adresse en premier).
Pour Sì sì no no parfois la règle prochaine (l’Église) peut échouer, et alors le simple fidèle peut passer par-dessus et, comme un protestant, aller voir ce que dit la règle éloignée... C’est là que nous ne sommes pas d’accord avec Sì sì no no. Qui suit la règle prochaine (l’Église) est toujours sûr au moins de ne pas s’éloigner de la foi ; qui interprète par lui-même l’Écriture ou la Tradition peut au contraire se tromper : “Pour ne nous écarter en rien de la vérité - écrit Saint Ignace dans les Exercices Spirituels - nous devons toujours être disposés à croire que ce qui nous paraît blanc est noir, si l’Église hiérarchique le décide ainsi. Car il faut croire qu’entre Jésus-Christ, notre Seigneur, qui est l’Époux, et l’Église, qui est son Épouse, il n’y a qu’un même Esprit qui nous gouverne et nous dirige pour le salut de nos âmes, et que c’est par le même Esprit et le même Seigneur qui donna les dix commandements qu’est dirigée et gouvernée notre Mère la sainte Église” (Treizième règle pour sentir avec l’Église, Exercices Spirituels n° 365).
Cependant, le Saint-Esprit et l’Église ne peuvent pas se contredire.
Dans le cas d’une apparente contradiction que faut-il faire ? Le croyant est déjà engagé par la foi à croire ce que Dieu a révélé et ce que l’Église a enseigné. Si apparemment l’Église lui demandait de croire en une proposition contradictoire à ce que elle nous oblige déjà à croire (par ex. : les personnes de la Trinité ne sont pas trois) le croyant devrait mais ne peut pas accomplir l’acte de foi : “cet acte de foi est métaphysiquement impossible. (...) Personne ne peut croire simultanément deux propositions contraires ; personne ne peut croire en même temps [par ex.] que le droit à la liberté religieuse est contraire à la Révélation [Pie IX], et qu’il est fondé dans cette Révélation [Vatican II]. C’est impossible avec la meilleure volonté du monde : cela tient à la nature des choses” (abbé H. Belmont, Brimborions, L’exercice quotidien de la foi, Bordeaux 1990, p. 60). Il s’ensuit que cette autorité de l’Église n’était qu’apparente : c’est ce que Sodalitium soutient et Sì sì no no s’obstine à nier.
II. Réponse à Dionisius (Courrier de Rome- Sì sì no no, avril 1997).
Dionisius (désormais D.), dans son article A propos d’une thèse sédévacantiste, se propose de réfuter l’étude de l’abbé Sanborn (désormais S.) De papatu materiali, publiée sur Sacerdotium n° 16 (oubliant ainsi la première partie de l’étude de S. publiée sur Sacerdotium n° 11).
L’article de D. peut être divisé en trois parties : une introduction, sur la Thèse de Cassiciacum ; un corpus, sur les études de S., et une conclusion sur le sédévacantisme et les sédévacantistes (La vraie question).
L’unique partie qui a quelque dignité intellectuelle est la seconde, où D. admet que la thèse de S.
“tranche par son sérieux et la valeur de sa documentation” (D., p. 2, col. 1) (Hélas la louange est empoisonnée : elle sert à dénigrer les “fantaisies théologiques” des prédécesseurs de S. dans l’exposé de la Thèse, fantaisies qui sont, en réalité, les mêmes que celles de S. !).
Puisque notre intention est de traduire et de publier les deux articles de S. sur Sodalitium, nous renvoyons l’exposition et la réponse aux objections de D. à un prochain numéro, de telle manière que le lecteur puisse avoir sous les yeux l’article de S. et les difficultés avancées par D.
Sans attendre cette réponse, nous pouvons cependant donner tout de suite un exemple évident de la manière dont D. ignore l’A.B.C. du traité sur les lois (même s’il écrit avec suffisance, p. 2, 2ème colonne : “il suffit de relire les traités ‘de legibus’ pour voir que...”) sur lequel il s’oppose avec S.
D. écrit :“Le prince (le chef, le père de famille, le patron, l’enseignant), sujet individuel, prolonge l’autorité de Dieu, il est le canal du bien commun quand il veut objectivement ce bien par la loi” (D., p. 3, 1ère colonne).
D., qui discute avec S. des lois, ne sait même pas qui peut faire des lois ! “Les lois sont faites par ceux qui ont un pouvoir public et politique de juridiction pour gouverner les sujets [dans une société parfaite, comme l’Église ou l’État, n.d.a.] (...) soit [ce pouvoir] suprême, sur toute la communauté, soit dérivé, seulement d’une partie de la communauté (par ex. : le Pontife Romain et les évêques) ; mais elles ne sont pas faites par ceux qui ont seulement le pouvoir privé dominatif ou le pouvoir économique [dans le sens de domestique, n.d.a ;] sur une société imparfaite, comme le père, le mari, le patron, le supérieur d’une maison religieuse, le curé [ils peuvent donner des préceptes, mais ne peuvent pas faire de lois, n.d.a.]” (B. H. Merkelbach o.p., Summa Theologiæ moralis, de legibus, I, 222). Le Pape, l’Évêque, le Roi, le Président de la République, le Parlement, peuvent faire les lois, certainement pas “le père de famille, le patron, l’enseignant” ! Cet exemple est suffisant pour démontrer l’ignorance absolue de D. sur la matière traitée. Mais nous verrons également comment D. est tout aussi ignorant sur la thèse de Cassiciacum (qu’il veut critiquer).
Un nom ésotérique : Cassissiacum !
D. prétend offrir au lecteur une “radiographie” de la thèse de Cassiciacum. Une prétention de ce genre implique que D. ait au moins lu ladite Thèse. Dommage - c’est évident - qu’il ne l’ait jamais lue pas même le titre !
“Cette thèse - écrit D. - est connu (sic) sous le nom ésotérique de Thèse de Cassissiacum” (D., p. 1, col. 1).
Le mot Cassissiacum est répété continuellement et invariablement tout au long de l’article. Nous comprenons que pour D. le terme soit “ésotérique” : quel rapport y a-t-il entre le cassis et la théologie ? Dommage pour D. que le terme correct soit Cassiciacum, et que le mot mystérieux soit expliqué par les Cahiers de Cassiciacum, la revue de théologie qui publia en son temps la thèse homonyme, dans laquelle on rappelle que c’est à Cassiciacum (maintenant Cassiago, en Lombardie), que Saint Augustin se retira pour étudier et donner le jour à certaines de ses œuvres théologiques (St Augustin, Confessions, IX, 3 ; on le lit sur la couverture de la revue). Rien de mal si l’on ignore ces détails ; mais si l’on écrit contre une thèse, il est bon d’en avoir lu au moins le titre (et la table des matières), sans oublier de ne pas railler ce que l’on ignore.
Le “bon Père” Guérard
D. toujours, s’amuse à présenter aux lecteurs de Si sì no no la figure loufoque de l’auteur d’une thèse au nom “ésotérique”.
“En 1977, un ancien professeur de théologie du séminaire d’Écône, le Père Guérard, publiait une thèse originale (...). Ce bon Père était déjà célèbre pour ses cours incompréhensibles. La thèse était dans la ligne : personne ne comprit rien à sa distinction entre la ‘Sessio’ et la ‘Missio’” (D., p. 1, col. 1).
Et avec ceci le Père Guérard des Lauriers disparaît de la scène pour le reste de l’article...
Le lecteur intelligent de Sì sì no no se demandera de lui-même : comment se fait-il, si les cours du Père Guérard étaient incompréhensibles, que Mgr Lefebvre l’ait appelé dans son séminaire pour enseigner la théologie ? Le même lecteur ne peut pas se demander - puisque D. le tait - comment se fait-il qu’il fut appelé à enseigner aussi la théologie à l’université dominicaine du Saulchoir et à l’Université Pontificale du Latran (un peu plus prestigieuses, D. en conviendra, que le séminaire d’Écône)... et comment se fait-il que ce pauvre “bon Père” fût un élève de l’École Normale Supérieure (rue d’Ulm) et membre de l’Académie Pontificale de Saint Thomas...
Nous admettons facilement que les écrits du Père Guérard sont difficiles ; toutefois, si l’on veut les réfuter, il faut bien les lire. D. ne les a pas lus, et le démontre à nouveau à cette occasion. En 1977 personne ne pouvait comprendre la distinction entre “Missio” et “Sessio” pour la simple raison que le bon Père Guérard n’en avait pas parlé (la distinction était tout au plus celle entre materialiter et formaliter) ; elle ne fait pas partie de la thèse de Cassiciacum de 1979 (date de la publication de la Thèse) mais des études sur la consécration des Évêques, commencées en 1980 mais publiés seulement en 1988 ! Pour comprendre en 1977 une thèse de 1988, en effet, il fallait être... prophètes !
“Le syndicat” et la “version Lucien-Blignières”
D. continue sa “radiographie” (p. 1, col. 1) de la thèse de “Cassissiacum”. D. commence en parlant du “petit groupe de jeunes prêtres ordonnés par Monseigneur Lefebvre, à peine sortis de l’œuf, si on peut dire, [qui] se vouèrent corps et âme à la défense et illustration de la ‘Thèse’. Entre eux, ils appelaient leur petit complot ‘le syndicat’...” (D., p. 1, col. 1). “Le Syndicat commença à se diviser en tendances rivales, unies seulement dans la détestation cordiale de l’évêque qui les avait ordonnés” (D., p. 1, col. 2).
Notre historien est un faux historien : le terme de “syndicat” était un terme offensif donné par les sédévacantistes complets à ces prêtres qui soutenaient la Thèse du P. Guérard (cf. Forts dans la Foi, n° 6 (66), 1981, pp. 76-77 : Du côté du syndicat ; n° 7 (67), 1981, pp. 69-74 : Du côté du syndicat (suite) ; n° 9 (69), 1988, pp. 46-55 : Mort d’un syndicat, naissance d’un secte ?. Le “syndicat” devenait une “secte” après la consécration épiscopale de Mgr Guérard des Lauriers). Le groupe de jeunes prêtres, que D. à la suite des sédévacantistes appelle “le syndicat”, ne se divisa absolument pas à peine furent-ils sortis de la Fraternité, comme affirme D., mais seulement, après la condamnation de la consécration épiscopale du P. Guérard (1982), avec l’abandon de la Thèse et l’acceptation de Vatican II de la part du P. de Blignières (en 1988) et de l’abbé Lucien (en 1992).
Probablement à cause de ces défections, D. attribue à Lucien et de Blignières une nouvelle version de la Thèse :
“Vers 1980 sortit une nouvelle ‘version populaire’ de ‘la thèse’, la version Blignières-Lucien. Évitant le nœud de la thèse : la distinction ‘pape matériel’-’pape formel’, elle s’attachait à essayer de mettre en évidence une défaillance certaine de l’infaillibilité Pontificale, afin de prouver que le Pape apparent ne pouvait pas être pape réellement” (D. p. 1, col. 2).
Encore une fois, D. ment : la preuve en question se trouve dans le premier numéro des Cahiers de Cassiciacum, dans un texte du P. Guérard du 17 février 1979, aux pages 10-22. Lucien-Blignières n’ont donc rien inventé du tout.
Ils n’ont même pas inventé la théorie selon laquelle, à partir des déclarations de Paul VI, la note théologique du Concile Vatican II devrait être “magistère ordinaire universel”. Parmi les “erreurs grotesques” que D. attribue à la Thèse il y a aussi, en effet, celle selon laquelle
1 - Le magistère du concile est le Magistère Ordinaire Universel (De Blignières-Lucien) (D., p. 1, col. 2).
En quelques lignes, deux erreurs :
1) La Thèse ne soutient pas que Vatican II est “magistère ordinaire universel”. Elle soutient que le Concile “n’est pas d’Église”, puisqu’il ne vient pas du Pape (CdC, n°1, p. 18)
2) La Thèse soutient que Paul VI a déclaré que le Concile est “magistère suprême ordinaire” et rappelé qu’il aurait alors dû être infaillible par l’infaillibilité du “magistère ordinaire universel” (CdC, n° 1, pp. 13-17)
3) Ces affirmations ne sont pas de Blignières-Lucien, qui les ont reprises, mais du P. Guérard (cf. les citations ci-dessus).
La Thèse de “Cassiciacum”... du Père Barbara et de l’abbé De Nantes !
A ce point, le lecteur de Sì sì no no n’aura absolument pas compris ce que dit la “Thèse de Cassissiacum”, ce qui est probablement ce que désirait D., qui peut donc écrire :
“Tous ces travaux se déconsidéraient eux-mêmes aux yeux de n’importe quel prêtre cultivé, par des erreurs grotesques. Excusables chez des laïcs, inexcusables chez des prêtres, surtout quand ils ont des prétentions à être des phares en théologie” (D., p. 1, col. 2).
J’oublie que parmi ces travaux qui se déconsidéraient eux-mêmes se trouve une étude approuvée par Mgr de Castro Mayer (Lettre à quelques évêques) D. cite à titre d’exemple d’“erreurs grotesques” six propositions. Pas une seule ne comporte de citation : et pour cause, puisque les propositions sont toutes présentées de manière exagérée, caricaturale et incorrecte. Qui plus est, l’une d’elles est anonyme, deux sont attribuées au Père Barbara, une à l’abbé de Nantes et deux au tandem Blignières-Lucien ; aucune au Père Guérard.
Or, personne n’ignore que de Nantes n’a rien à voir avec la Thèse (comme D. admet en note ; pour lui Jean-Paul II est Pape, et le magistère est infaillible seulement quand il est solennel, exactement comme pour la Fraternité) et que le P. Barbara, même si maintenant il l’accepte, l’a combattue pendant longtemps, c’est pourquoi il n’a certainement pas participé à son élaboration. D. promet au lecteur de faire une “radiographie” de la Thèse de “Cassissiacum” (!) : quiconque connaît superficiellement la thèse de “Cassiciacum” s’aperçoit tout de suite que D. ignore tout de la Thèse : l’histoire, le contenu et même le nom. (Pour ce qui concerne le contenu des six propositions caricaturales il y aurait de quoi écrire un livre ; voir les articles de l’abbé Murro publiés par Sodalitium, n° 43 pp. 35-58. D. ne fait aucune distinction entre l’autorité civile et celle du Pape, nie, comme Marcille, que le Pape soit la règle vivante de [notre] foi, etc.
Les sédévacantistes ? Une maladie nerveuse
La Fraternité répète à satiété que nous manquons de charité en parlant mal de l’œuvre fondée par Mgr Lefebvre. Lisez alors ce que D. écrit sur les “sédévacantistes” :
“On peut se demander si ce n’est pas un traumatisme chez beaucoup .(...) Le problème du sede-vacantisme me paraît moins théologique que psychologique” (D., pp. 3, col. 3).
Un cas de folie ? On dirait bien à la façon dont D. décrit leur comportement :
“Ils deviennent leur propre pape, jugent leurs prêtres [D. se limite à juger son Pape ! n.d.a.], ne se confessent plus, n’écoutent plus rien et font généralement le malheur de leur famille. (...) ils ont le comportement psychologique des témoins de Jéhovah ou des protestants : hautains, ayant tout compris, regardant tout à travers les lunettes de leur obsession, agitant sans cesse comme des hochets leurs arguments définitifs et imparables. Jusqu’au jour où ils lâchent tout et perdent la foi” (D., p. 3, col. 3).
La charité de D. est inversement proportionnelle à sa sincérité ! Certes, les fous et les fanatiques ne manquent pas dans nos rangs, exactement comme dans ceux de D., mais il serait faux de décrire les disciples de Mgr Lefebvre comme D. décrit les “sédévacantistes” ou les partisans de la “Thèse de Cassiciacum” :
“Dans les chapelles traditionnelles, on commença à rencontrer des théologiens autoproclamés qui agitaient eux aussi leur hochet : ‘materialiter-formaliter’, ‘formaliter-materialiter’” (D., p. 1, col. 3).
Pour démontrer sa théorie (la Thèse fait devenir fou), D. cite le cas de l’Institut Cardinal Pie :
“Un demi-fou avait apliqué (sic) la thèse de Cassissiacum au pouvoir politique...” (D., p. 4, col. 1).
Le demi-fou, paraît-il, se fit “Roi de France”. Un petit problème : l’Institut Cardinal Pie peut dénoncer D. pour calomnie au moins sur ce point : lui avoir appliqué la Thèse de Cassiciacum ! Personne (à l’exception de D. ?) n’ignore que l’Institut en question se distingua par les attaques de toute sorte contre la Thèse et Mgr Guérard !
La maladie nerveuse : l’obsession du Pape
Pour D. la maladie nerveuse des différents “sédévacantistes” consiste dans la question du Pape :
“Les sédé-vacantistes sont obsédés par la question du pape. On peut se demander si ce n’est pas un traumatisme psychologique chez beaucoup” (D., p. 3, col. 3).
Pour D., se demander si une personne est Pape ou non est “une obsession”. Il ne pense pas que “pour le salut éternel il est absolument nécessaire d’être soumis au Pontife Romain” (Denz. 469). L’obsession doit être grave :
“Dans certains cas, leurs prêtres vont jusqu’à interdire les sacrements à des fidèles professant sincèrement le Credo, mais manquant d’enthousiasme pour la thèse rédemptrice : la thèse de Cassissiacum” (D., p. 1, col. 1).
En réalité personne ne refuse les sacrements à qui ne professe pas la Thèse de Cassiciacum, et je défie D. de démontrer le contraire. Comme je défie D. de me démontrer que la foi catholique, le Credo et l’Évangile n’ont rien à voir avec le Pape.
Attention : un de ces jours les “sédévacantistes” pourraient vous étrangler dans votre lit !
Les “sédévacantistes” sont donc atteints d’un traumatisme psychologique que l’on peut définir “l’obsession du Pape” (D. au contraire vit très bien en faisant comme si le Pape n’existait pas, et sans se préoccuper de lui le moins du monde). Or, la folie, on le sait, peut arriver à des excès très graves, même aux meurtres. Le prophète D. Voit déjà les “sédévacantistes” et les “Cassissiacum”, armés de couteaux, faire des massacres parmi leurs ennemis.
“Comment expliquer une pareille perturbation de l’esprit chrétien ? L’expérience m’a montré que ce qui est compris par la plupart des catholiques séduits par le discours sedevacantiste est au fond une idée simple : Un pape indigne n’est plus pape. Cela ressemble étrangement à la doctrine de Wicliff et Jean Huss : Le pape en état de péché mortel n’est plus pape, l’évêque en état de péché mortel n’a plus aucune autorité sur son diocèse, ni le curé sur sa paroisse, ni le roi sur son royaume etc.
On peut penser que Jean Huss était sincère. Sa fin ne ressemble pas à celle d’un hérétique formel [incroyable ! n.d.a.] Mais cela ne change rien aux conséquences : les Hussites sont devenus ensuite des loups vengeurs du peuple abusé et trucidateurs des évêques, curés, rois, princes indignes... Pure spéculation ? amalgame sans fondement ? Pas sûr...” (D., p. 3, col. 3).
Voilà, nous sommes comme les hérétiques Hussites : nous disons comme eux qu’un pape indigne n’est pas pape, et nous finirons, comme eux, par trucider les papes, les princes, les évêques, les rois et, sans doute, D. lui-même (en vérité, jusqu’à présent le seul qui ait tenté de tuer Jean-Paul II est parti d’un prieuré de la Fraternité...).
Donc, que D. se rassure : il ne court aucun risque. Sa théorie serait convaincante si sa plus grande partie n’était pas une calomnie. Elle est fausse comme Judas : jamais aucun d’entre nous n’a dit ou pensé qu’un Pape indigne n’est pas Pape (sauf la fertile fantaisie de D.). Nous le défions de démontrer le contraire.
Conclusion provisoire
Comme nous l’avons écrit, nous renvoyons à plus tard une réponse aux objections faites à l’article de S. : nous avons déjà démontré de toute façon l’ignorance absolue de D. dans la question qu’il prétend traiter (l’autorité, les lois, le bien commun) : il ne sait même pas qui est l’auteur des lois.
Nous avons aussi démontré l’ignorance absolue de D. sur la Thèse de Cassiciacum : nom, histoire et contenus, lui sont inconnus.
Enfin, D. démontre à lui seul l’esprit qui l’anime ; si le lecteur s’est dégoûté en le voyant traiter de pareilles sottises, qu’il nous pardonne : hélas la faute doit être attribuée à celui qui les a écrites, et non à celui qui les commente.
Malheureusement, les calomnies et les erreurs grossières de D. ne seront pas découvertes par les lecteurs du Courrier de Rome-Sì sì no no qui ne reçoivent pas Sodalitium (c’est-à-dire la majorité) et elles continueront à faire du mal ; D. aurait, en conscience, l’obligation de rétracter ces erreurs : sera-t-il capable de le faire ? C’est notre souhait le plus sincère.