Doctrine
La trahison des Commissaires ou la trahison de l’épiscopat
Par M. l’abbé Giuseppe Murro
Note : cet article a été publié dans la revue Sodalitium n°57
Les lecteurs de Sodalitium sont au courant de la grave crise moderniste qui sévit dans l’Église au début du XXème siècle. Aujourd’hui, suite au Concile Vatican II, les tenants de ces erreurs sont encore plus nombreux : bien qu’ils se disent catholiques, de fait, ils ne le sont pas. Et la “hiérarchie” est d’accord avec eux. La Foi en effet consiste en l’adhésion de l’intelligence à toutes les vérités que Dieu nous a révélées et que l’Église nous transmet par son Magistère. La Révélation faite par Dieu a été un fait public et objectif, close avec la mort des Apôtres. Le Pape saint Pie X explique dans l’Encyclique Pascendi (8 septembre 1907) que les modernistes ne se contentent pas de nier certains points de la Révélation ou de l’enseignement de l’Église, comme le firent d’autres hérétiques dans le passé, mais détruisent complètement la Foi tout entière. De plus, ces nouveaux hérétiques, au lieu de sortir de l’Église, “se cachent dans le sein même de l’Église, ennemis d’autant plus redoutables qu’ils le sont moins ouvertement… sous couleur d’amour de l’Église, ils se posent comme rénovateurs de l’Église… qui donnent audacieusement l’assaut à tout ce qu’il y a de plus sacré dans l’œuvre de Jésus-Christ, sans respecter sa propre personne, qu’ils abaissent, par une témérité sacrilège, jusqu’à la simple et pure humanité”. Pour eux, le Christ qui aurait réellement vécu ne serait qu’un homme. Un de leurs principes s’énonce avec la distinction entre le “Christ de l’histoire” et le “Christ de la foi”, expliquée par le Pape Pie X : “Dans la personne du Christ, disent-ils, la science ni l’histoire ne trouvent autre chose qu’un homme”. Autrement dit, le “Christ de l’histoire” serait celui qui vécut réellement sur terre il y a deux mille ans et aurait été un homme comme tous les autres, sans aucun caractère surnaturel. Les Évangiles ne seraient pas des livres historiques : tout ce qu’il y a de surnaturel dans les Évangiles – ce qui montre que Notre-Seigneur est le Messie et est Dieu – constituerait le “Christ de la foi”, une “défiguration” de la personne historique de Jésus, fruit des inventions des chrétiens de quelques décennies postérieures. En somme, pour les modernistes, la religion catholique est une mythologie, et les Évangiles en sont le mythe fondateur.
Saint Pie X fait remarquer comment cette hérésie, qui unit agnosticisme et immanentisme, est pire que les précédentes : l’agnosticisme, en ne croyant pas à Jésus-Christ et aux Évangiles, conduit à l’athéisme pratique. Pour l’immanentisme, la religion ne provient pas de la Révélation qui nous est enseignée par l’Église, mais naît d’un besoin intérieur de l’homme, d’un sentiment dont il prend conscience : c’est pourquoi, pour les modernistes, les formules dogmatiques ne sont pas seulement des concepts spéculatifs, mais doivent être vivantes, doivent vivre de la même vie du sentiment religieux ; et c’est la raison pour laquelle elles doivent être adaptées, selon les mutations du sentiment religieux, autrement elles ne seraient plus “vivantes”. On en conclut que les dogmes doivent évoluer selon les époques et, logiquement, on finira par penser que toute religion dans le fond est vraie. Les modernistes en réalité n’ont pas la Foi, sont pratiquement des athées, mais parlent de religion et se font passer pour être les plus fervents parmi les catholiques. Mais qui sont aujourd’hui les modernistes ?
Les Commissaires
Jean Madiran, directeur de Présent, vient de publier un petit livre intitulé “La trahison des Commissaires”, diffusé par DPF, DMM, NEL, Téqui. Jean Madiran n’a pas notre position sur la situation actuelle de l’Autorité de l’Église, mais son étude analyse d’une manière très claire certains de ces actes. Les “Commissaires” sont les membres de la Commission doctrinale de la Conférence des évêques de France. Cette Commission, composée surtout d’évêques, même si elle n’a aucun pouvoir canonique, a un énorme pouvoir de fait, car elle exprime officiellement la pensée collective de l’épiscopat.
Toute personne qui entend l’expression “commission doctrinale” imagine qu’il s’agit des défenseurs d’une doctrine. Dans l’Église catholique, on pense aux théologiens, gardiens du dogme et de la vérité révélée ; et, dans la crise actuelle où les vérités de la Foi ne sont plus enseignées avec intégrité, on pense à ces conservateurs – comme le cardinal Ratzinger – qui cherchent à éviter les conséquences extrêmes, bien qu’inéluctables, des principes du Concile Vatican II. Qu’en est-il donc de cette Commission de l’épiscopat français ?
Jean Madiran fixe son étude sur trois interventions de ladite Commission dont deux ont été publiées sur La Documentation Catholique (= D.C.). Nous nous arrêterons sur les deux premières.
La Bible Bayard
Le premier texte que Madiran expose est un communiqué approuvant la Bible Bayard et figurant en tête de cet ouvrage. « Au mois d’août 2001 - explique Madiran – commence dans l’univers francophone la diffusion massive d’un ouvrage intitulé sobrement La Bible. Une surcouverture en plastique transparent vient ajouter au titre la mention : Nouvelle Traduction. L’éditeur canadien est Médiaspaul à Montréal. En France ce sont les Editions Bayard, celles qui éditent (entre autres) le quotidien La Croix [ainsi que La Documentation Catholique, ndr] : pour cette raison, l’ouvrage sera couramment appelé en France la Bible Bayard. L’attention fut attirée d’emblée sur la traduction elle-même… Les expressions étranges, agressives ou effrontées y abondent artificiellement, comme de faire dire par Jésus : “Plutôt crever !”… Et les premières critiques, très rarement exprimées en public, portèrent sur les singularités du vocabulaire et du style de la “nouvelle traduction” ». La Commission semble s’être rendu compte de ce langage vulgaire et admet que “cette traduction ne peut faire l’objet d’une utilisation liturgique”, mais au fond elle le trouve bien car elle “en reconnaît la portée littéraire”. Utiliser pour les textes sacrés un tel langage, ne constitue pas un signe de foi, d’amour et de respect de la parole de Dieu.
Mais évidemment, plus important encore que le langage, est le contenu. La Commission souligne la fidélité à la tradition de la Foi : “elle reconnaît que l’appareil critique comportant introductions, notes et glossaires, permet d’inscrire cette traduction dans la tradition vivante de la foi catholique (…) et elle en encourage la lecture”. Que disent donc les introductions, notes et glossaires, qui méritent la louange de la Commission ? Qui les a composés ?
Les Évangiles écrits par un inconnu
Vingt-sept exégètes et vingt écrivains et poètes contemporains ont participé à ce travail. Parmi eux, André Myre, Docteur en études hébraïques, professeur honoraire à la Faculté de théologie de l’Université de Montréal, qui a déjà publié des livres chez les éditeurs catholiques, tels que : Voir Dieu de dos (Médiaspaul, 2000) et Un souffle subversif. L’esprit dans les lettres pauliniennes (Bellarmin/Cerf, 1987). Dans la Bible Bayard, André Myre “a rédigé l’introduction générale à la Nouvelle Alliance et l’introduction générale aux Synoptiques, et aussi l’introduction particulière et les notes à l’évangile de Matthieu, aux lettres aux Thessaloniciens, aux lettres à Timothée et à Tite et à la lettre de Jude. Il était membre du ‘conseil éditorial’ qui a présidé à l’édition de cette Bible”. Les passages les plus significatifs de cet auteur, nous signale toujours Madiran, se trouvent vers les pages 2989-2992 de la Bible : « Selon André Myre, aucune des paroles de Jésus rapportées par l’Évangile n’est authentique. Elles sont toutes des inventions postérieures, imaginées par des scribes qui ne sont ni Marc, ni Matthieu, ni Luc, ni Jean, et qui n’ont pas connu le Christ, mais qui s’appliquent à le faire parler ». Voilà que nous sommes fixés : Myre n’est pas un auteur catholique, mais un moderniste, et un moderniste qui ne cache pas ses idées. Lisons-le : « Aux alentours de la chute de Jérusalem en 70 (…) un auteur inconnu, auquel la tradition a donné le nom de Marc, a l’idée de se servir des traditions dont il dispose en les organisant sur le modèle du déroulement d’une existence humaine. Et il ne fait que les placer les unes à la suite des autres, il les dispose de façon telle qu’elles deviennent paroles actuelles du Christ pour sa communauté (…). Ce sont les besoins de ses frères et sœurs dans la foi qui motivent son choix des textes, l’endroit où il les place, les modifications qu’il leur fait subir, les liens qu’il fait entre eux, et non pas le souvenir d’un Jésus qu’il n’a jamais rencontré, ni la connaissance d’une Palestine qu’il n’a jamais visitée » (p. 2991). Comment cet “auteur inconnu” a-t-il pu inventer tout cela ? Grâce à la littérature de l’antiquité orientale et occidentale, répond André Myre : « Les Évangiles ne surgissent pas dans un vide littéraire. Les scribes qui les rédigent sont les héritiers de cultures millénaires. Pour interpréter, raconter, faire parler Jésus-Christ, ils utilisent l’ensemble de l’Écriture (Lc 24, 47), chacun suivant ses compétences : l’un s’inspirera des livres de sagesse, un autre de la tradition prophétique, un autre encore de sa connaissance des Psaumes, un autre mettra à profit sa maîtrise des façons de discuter à partir des textes scripturaires, etc. C’est ainsi la richesse culturelle de tout le Proche-Orient ancien qui est mise à contribution, sans parler des canons littéraires de l’Occident » (p. 2990). “En somme, conclut Madiran, le Jésus de la foi n’a que l’existence légendaire d’un mythe fondateur”. Les évêques ont-ils condamné une telle hérésie qui mine la base de la Foi, la Révélation, les Évangiles ? Non, ils sont d’accord et l’ont approuvée.
Madiran nous transmet en entier le Communiqué de la Commission doctrinale : « “Si elle estime que cette traduction de la Bible ne peut faire l’objet d’une utilisation liturgique, la Commission doctrinale des Évêques de France reconnaît que l’appareil critique comportant introduction, notes et glossaires, permet d’inscrire cette traduction dans la tradition vivante de la foi catholique. Attentive au travail engagé par les éditeurs et désireuse de le soutenir, elle a néanmoins décidé de prendre le temps nécessaire pour vérifier la réception de cette nouvelle version par les catholiques et pour apprécier sa fidélité profonde à la révélation divine. Sachant que les Écritures saintes ont toujours été l’objet d’expressions culturelles, en particulier dans la musique et les arts plastiques, la Commission doctrinale souligne l’importance de cette traduction ; elle en reconnaît la portée littéraire et elle en encourage la lecture”. Cette note est signée : La Commission doctrinale des Évêques de France ».
Le lecteur notera qu’il s’agit d’une approbation avec une légère réserve : la Commission prendra “le temps nécessaire pour vérifier la réception de cette nouvelle version par les catholiques et pour apprécier sa fidélité profonde à la révélation divine”, réserve à laquelle nous faisons deux remarques. 1) la nécessité d’en vérifier la réception par les catholiques : pourquoi ? La Commission a peut-être oublié que Notre-Seigneur a fondé une Église Hiérarchique et non démocratique, et qu’elle doit juger les idées dans leur valeur intrinsèque, et non selon la pensée de la plupart des catholiques ? 2) la nécessité d’apprécier sa fidélité profonde à la révélation : cela veut dire que les évêques ne sont pas encore sûrs que cette Bible soit conforme à la Révélation. Mais alors que fait la Commission doctrinale, elle l’étudie sans l’apprécier ? Comment peut-elle approuver, louer et encourager la lecture d’une Bible, comment peut-elle affirmer que cette traduction est conforme à la tradition vivante de la foi catholique, sans savoir si elle est fidèle à la Parole de Dieu ? Pour toute personne qui a l’esprit de la Foi, ces contradictions sont insolubles, elle ne verra que folie ou manque de réflexion de la part de la Commission. Mais ses membres sont loin d’être des personnes déraisonnables ou inconsidérées. L’unique solution à ces contradictions se situe dans l’esprit moderniste, pour qui la Foi ne repose pas sur la Révélation objective transmise par l’Église, mais sur un sentiment immanent ou subjectif. Selon l’enseignement de Vatican II (par ex. Unitatis Redintegratio I, 3), un protestant ou un schismatique peut avoir la Foi, même s’il ne croit pas à toute la Révélation ou au Magistère de l’Église (1). Dans cette optique, certains rédacteurs de la Bible Bayard (il y a parmi eux des schismatiques, des juifs…), même s’ils ne croient pas à ce qui est considéré comme révélé par l’Église comme l’Évangile, peuvent avoir la Foi ! Et si dans cette Bible ils manifestent leurs idées, cela ne pose pas de problème à la Foi ! La Commission a donc les mêmes idées qu’André Myre, à la différence que ce dernier a le courage de les manifester ouvertement, et que la Commission, elle, utilise des circonlocutions ; de plus, si quelqu’un lui reprochait cette approbation, elle pourrait toujours dire qu’elle n’a pas encore apprécié la fidélité à la révélation…
Jean Madiran remarque à juste titre : « Tout de même, c’était une grave responsabilité : l’apostasie (immanente, mais virulente) de l’hypercritique négationniste était répandue… Au bout d’un an à peine, le 12 juin 2002, La Croix se félicitait de l’énorme succès de librairie : “120.000 exemplaires vendus en France, au Canada, en Belgique, en Suisse”. Cent vingt mille lecteurs, peut-être cent vingt mille foyers, avaient déjà pieusement reçu, épiscopalement garantie, l’idée que le “Jésus de la foi” est une astucieuse invention de compilateurs inconnus ». L’apostasie des évêques se répand sur les fidèles.
Cette approbation n’a pas été un fait isolé. Le 4 juin 2002, le Comité de théologie de l’Assemblée des évêques du Québec publiait une note théologique et pastorale dans laquelle on lit : “Il faut saluer avec reconnaissance la parution de cette nouvelle Bible. Chaque nouvelle traduction se veut habituellement un enrichissement du patrimoine de l’expression de la foi en la Parole de Dieu. Celle que nous offrent les Éditions Bayard et Médiaspaul constitue en plus un apport soigné de l’expression littéraire de ces textes anciens écrits en d’autres langues… Tout en assurant la fidélité au texte sacré, l’expression française a été considérablement renouvelée… S’agit-il d’une bible fidèle aux textes sacrés ? Oui, les exégètes ont pris en compte cet aspect. Les lexiques, notes et introductions justifient cette fidélité… Bien située dans son contexte éditorial, cette bible a bien sa place au côté des autres traductions que nous connaissons. Sa lecture peut nourrir la foi, et, tout en renouvelant la compréhension des textes sacrés, satisfaire notre plaisir littéraire. Tenant compte de ce qui précède, le Comité de théologie ne peut qu’en recommander la lecture”. Si la Commission française ne savait pas encore apprécier la fidélité à la Révélation, le Comité québécois assure qu’elle l’est !
Jean Madiran nous rapporte que seuls deux évêques ont protesté face à cette apostasie. Mgr Guillaume, évêque du petit diocèse de Saint-Dié, écrivait en 2002 : “La Bible Bayard n’est pas une Bible chrétienne”. Mgr Cattenoz, archevêque d’Avignon, déclarait au printemps de 2003 : “Non, cette Bible n’est pas celle de l’Église”.
Mais, disons-nous, si ces deux voix ont raison, comment les Épiscopats qui ont accepté une telle apostasie peuvent-il être appelés encore “chrétiens”, ou “de l’Église” ?
Les origines du Christianisme
Le deuxième texte que Madiran nous présente est une “Note de la Commission doctrinale des évêques de France sur l’émission télévisée Les origines du christianisme”, réalisée par Gérard Mordillat et Jérôme Prieur sur la chaîne Arte. Cette note du 23 mars 2004, parue sur la D.C. du 16 mai 2004, était précédée d’une introduction de Mgr Jean-Louis Bruguès, évêque d’Angers et président de ladite Commission. Dans cette introduction, Madiran après avoir remarqué l’excessive indulgence envers la chaîne Arte (définie “une chaîne de qualité”) et envers les deux réalisateurs (“qui poursuivent leur investigation et s’intéressent à la naissance du christianisme”) commente : « Décerner à Arte le brevet général et absolu de “chaîne de qualité”, sans aucune réserve, c’est tromper le public. Arte est une chaîne d’une partialité visible en faveur des thèses, des mouvements, des personnages socialo-communistes, et d’une hostilité sournoisement militante à l’égard du catholicisme. La Commission doctrinale ne s’en est pas avisée, ou bien n’a-t-elle pas voulu que le public catholique en soit averti ? ».
Les réalisateurs
Quant aux réalisateurs, Mordillat et Prieur, la Commission ne leur épargne pas d’estime pour leur travail scientifique : “Cette série représente un essai de vulgarisation de la recherche exégétique et historienne sur les deux premiers siècles de l’ère chrétienne. Cet essai reprend une enquête ouverte depuis longtemps. Cependant, il l’actualise en exposant les résultats scientifiques actuels. La majorité des émissions (à l’exception de la fin de la 5e, de la 9e et de la 10e) témoigne d’un souci d’honnêteté et d’objectivité dans la présentation des questions et de la diversité des positions”. Madiran commente : « C’est prendre arbitrairement Gérard Mordillat et Jérôme Prieur pour des interlocuteurs scientifiquement qualifiés et mentalement convenables… Mordillat est un militant athée d’extrême gauche, il a été un animateur de la pétition contre l’interdiction du minitel rose et aussi de celle pour la libération de Toni Negri, l’idéologue des Brigades rouges. Quant au niveau intellectuel, culturel, “scientifique” du tandem Mordillat-Prieur, on en a une idée lorsqu’on le voit, dans le quotidien Libération du 31 mars, et encore le 7 avril [2004], prétendre que les fabricants d’images chrétiennes n’ont jamais voulu, dans la crucifixion, montrer Jésus nu, parce que l’Église tenait à cacher sa circoncision pour occulter le fait qu’il était juif ! Le tandem ignore que depuis le VIème siècle l’Église a liturgiquement célébré chaque année la fête de la Circoncision du Seigneur… Ces gens-là se permettent de parler de l’Église en ignorant que le 1er janvier est la fête de la “Circoncision de Notre-Seigneur” ». Le même “tandem” dans les années 1997-98 a réalisé une autre série télévisée, intitulée “Corpus Christi” toujours chez Arte, où il a “étudié” l’Évangile de St Jean. Quel en fut le résultat ? Eux-mêmes l’ont déclaré dans une interview à Pascale Laniot : « (…) nous avons compris à quel point le texte des évangiles était écrit. C’est-à-dire l’œuvre d’écrivains, de rédacteurs qui avaient travaillé chaque mot, chaque phrase comme tous les écrivains travaillent leur texte. Le texte est dit “sacré” mais en réalité, il ne l’est pas. C’est plus compliqué. Sa sacralisation est comme une vitre protectrice qui nous tient à distance... Comme l’écrivait Yedi Frends dès 1833 : “Sous l’ordre paisible des caractères d’imprimerie, sous la numérotation rassurante des versets, dans le confort des chapitres clairement délimités, le lecteur découvre un récit tourmenté, agité de contradictions, de violences, parfois lourd de redites, parfois bégayant, ignorant la géographie du pays qu’il prétend décrire, se méprenant sur la botanique, l’orientation des vents, mal articulé, cousu de gros fils ou tranché à la hache, heurtant l’un contre l’autre ses propres os, meurtrissant sa chair, la blessant et s’élevant soudain de fulgurances inouïes, de trouvailles narratives, s’arrachant aux ombres : un corps vivant derrière la vitre censée le protéger” ». Ce jugement rappelle les Toledoth Jeshu, les écrits contenant les pires calomnies des Juifs contre Jésus-Christ. Mordillat et Prieur ont eu du succès : le site Internet d’Arte, nous renseigne que “leur travail a été récompensé deux années de suite par le Clio de l’Histoire, ainsi que par la médaille Yedi Frends (Jérusalem) et le Golden Rainbow du Cambridge Historical Film Festival (Grande-Bretagne)”. La conclusion de ce travail fut résumée par le même “tandem” dans ces questions : “Comment mesurer ce qui sépare le Jésus de l’histoire de ce qu’il est devenu sous la figure de Jésus-Christ au cours de la tradition chrétienne ? Son corps crucifié est-il celui d’un Dieu ? Celui d’un homme ? Ou le corps d’un texte ?”. Au moins depuis 1998 Mordillat et Prieur affirment subrepticement que les catholiques n’adorent pas un Homme-Dieu, peut-être même pas un homme, mais des textes… Avec des idées semblables, que peuvent-ils dire sur l’origine du christianisme ? Et pourtant, la Commission nous présente Mordillat et Prieur comme des interlocuteurs scientifiquement qualifiés et mentalement convenables…
Quelle critique ?
Tout d’abord la Commission semble critiquer l’émission : “Cependant, les réalisateurs ont un dessein : défendre une thèse. Celle-ci s’exprime à travers une voix ‘off’ et par la manière dont le montage a été réalisé (…). Elle peut se formuler ainsi : l’origine du christianisme se trouve dans le judaïsme. Sous l’impulsion de l’action de Paul et de sa pensée exprimée dans ses lettres, l’Église au deuxième siècle (composée essentiellement de chrétiens issus du paganisme) a rompu avec le judaïsme et s’est délibérément emparée de l’héritage d’Israël, prétendant se substituer à lui et constituer le “Verus Israël”… “Une thèse à discuter… très proche de la lecture faite par l’un ou l’autre des universitaires juifs interviewés”… “La thèse défendue, justifiée par la perspective résolument historique, n’est-elle pas habitée par la vieille tentation positiviste qui consiste à opposer aux lumières critiques de l’investigation historique les préjugés de la croyance, en laissant penser que les premières seraient seules désintéressées et dégagées de tout a priori…”. Les évêques trouvent que Mordillat et Prieur, tout en étant d’honnêtes chercheurs et même s’ils se considèrent désintéressés par leur perspective résolument historique, ne sont pas vraiment objectifs ; ils ont déjà un parti-pris proche de certains juifs. Nous reviendrons ultérieurement sur la question de l’objectivité historique. Que leur reprochent-ils ? “Certaines inexactitudes” et un procédé “faux et tendancieux” :
“Il est inexact de présenter Paul comme s’opposant au judaïsme en tant que tel (alors qu’il s’opposait essentiellement aux chrétiens judaïsants), comme un négateur de la Loi (la pensée de Paul en la matière est autrement fine et complexe, et les auteurs n’y font pas droit), comme celui qui a développé un message occultant celui de Jésus de Nazareth. Il est inexact d’attribuer à l’Église une volonté délibérée de rompre avec le judaïsme, volonté à laquelle serait associée la prétention d’être fidèle à la tradition d’Israël. Il est inexact d’attribuer au seul christianisme la prétention à être le « véritable Israël ». Ce fut une prétention partagée par la plupart des courants juifs à l’époque de Jésus. Il est faux et tendancieux de donner en sous-titre « propagande » comme équivalent de « témoignage » (3e émission)”.
« Arrivé à ce point de lecture, dit Madiran, on peut penser que la Note, nullement prisonnière de sa méprise initiale sur la validité scientifique du tandem Mordillat-Prieur, ne s’en laisse pas conter. Mais voici qu’elle signale “un conflit d’interprétations ignoré” ». Lisons encore le texte de la Commission : “Les questions qui sont évoquées [dans l’émission] sont souvent de vraies questions… Bien des questions qui sont ici abordées doivent normalement déboucher sur des réponses plurielles, selon qu’on les reçoit au sein de la foi juive ou au sein de la foi chrétienne. Elles débouchent sur un conflit d’interprétations qui renvoie, en particulier, à la décision prise à l’égard de la personne de Jésus. Nous sommes au cœur, non simplement d’un débat d’historiens ou d’exégètes, mais d’un problème – disons mieux, d’un drame – théologique. Là, toute la personne est engagée face au Messie d’Israël, le reconnaissant ou non en Jésus, mort et ressuscité. Les interprétations que suscitent les divers engagements méritent respect plutôt que rivalité et prise de position partisane”. Madiran commente : « Il faut donc entendre que le “conflit ignoré”, c’est par Prieur et Mordillat qu’il est ignoré ? Ou bien par “plusieurs parmi les chrétiens” ?… Ne chicanons pas trop sur les détails fâcheux de la rédaction (la “décision”, est-ce bien le mot ? sur le chemin de Damas, Paul a-t-il “décidé” ? Et aussi : toute rivalité n’est pas forcément irrespectueuse, et toute prise de position n’est pas forcément partisane). Mais la Note continue ainsi : “La lecture chrétienne ne conteste pas la lecture juive, chacune ayant son propre registre d’interprétation. Que l’une ait raison n’entraîne pas que l’autre ait tort. Il est évidemment regrettable de masquer cette réalité essentielle du dialogue contemporain entre catholiques et juifs”. On venait immédiatement de nous dire (relisons) ce qui est en question dans la divergence d’interprétation : “toute la personne est engagée face au Messie d’Israël, le reconnaissant ou non en Jésus, mort et ressuscité”. Le reconnaissant ou non vrai Dieu en même temps que vrai homme, seconde personne de la Sainte Trinité. Oui ou non. Mais selon la Commission doctrinale, le oui ne conteste pas le non, dont acte. Il lui serait plus délicat peut-être d’affirmer qu’inversement la “lecture juive” ne conteste pas la “lecture chrétienne”. Chacune a son propre registre d’interprétation, mais comment peut-on dire : “Que l’une ait raison n’entraîne pas que l’autre ait tort” ? Comment peut-on affirmer que Jésus est Dieu sans que cette affirmation entraîne qu’on a tort de le nier ? Comment admettre simultanément le oui et le non ? La dernière phrase ne l’explique évidemment pas, et pourtant elle est donnée (semble-t-il) comme l’explication. L’égale légitimité du oui et du non, de l’affirmation ou de la négation de la divinité de Jésus-Christ, paraît nous être proposée comme “cette réalité essentielle” du dialogue contemporain entre catholiques et juifs. Le dialogue lui-même est une réalité, essentielle si l’on veut, mais alors essentielle en soi, nullement essentielle ni même acceptable comme justification logique ou théologique de la prétendue compatibilité des contradictoires. La seule issue qui soit ouverte à cette aporie serait de considérer que l’affirmation et la négation de la divinité du Christ ne sont pas des propositions contradictoires (l’une forcément vraie, l’autre forcément fausse), mais des propositions simplement contraires : car les contraires peuvent d’une certaine manière aller ensemble, elles peuvent être fausses toutes deux en même temps. Et l’issue serait la recherche d’une vérité nouvelle, au-dessus des deux contraires erronées… À notre avis, c’est une nécessaire implication, c’est une implication objective de ce qui est énoncé, que les rédacteurs en aient eu conscience ou non ». En d’autres termes, selon la Note, le fait que Notre-Seigneur est Dieu n’est pas une vérité de Foi. Qui le nie n’est pas dans l’erreur, la vérité est ailleurs !
L’historicité des Évangiles
La Commission avait critiqué Mordillat et Prieur d’avoir cédé à la tentation positiviste, selon laquelle le croyant ne peut faire une investigation historique désintéressée et dégagée de tout a priori. Puis elle finit par leur donner raison lorsqu’elle écrit : “L’historiographie ne se contente pas de rapporter des faits, elle les interprète et permet aux lecteurs de les interpréter à leur tour. Pour autant qu’elle est confessante, la démarche évangélique n’en est pas moins historienne, renonçant de toute façon à un idéal d’objectivité historique illusoire”. La gravité de cette phrase n’a pas échappé à Madiran : « Autrement dit : c’est une illusion de croire que le Jésus de la foi chrétienne aurait une objectivité historique ? ». Oui, pour la énième fois la commission fait comprendre qu’on ne doit pas considérer les Évangiles comme un livre objectivement historique et celui qui le pense vit dans l’illusion.
Effets positifs de l’émission
La Commission remarque deux effets négatifs de cette émission : “une partie des téléspectateurs n’aura sûrement pas les moyens de faire autre chose que d’acquiescer à la pseudo-démonstration” ; “une autre partie des téléspectateurs – croyants – risque d’être fixée par ces émissions dans un soupçon et un refus redoublés à l’égard de l’exégèse critique et des recherches historiques”. Puis elle énumère les aspects positifs : “Cette série documentaire pourra constituer un outil de travail utile dans des groupes déjà bien informés des travaux scientifiques évoqués… Ces émissions pourront aider les chrétiens à bien connaître la période de la naissance du christianisme… Les débats ici ouverts peuvent devenir un appui, en particulier, pour faire progresser dans la connaissance que les chrétiens ont de leur rapport au mystère d’Israël… Enfin, cette série documentaire nous invite à proposer aux chrétiens une lecture attentive de l’Écriture dans son ensemble”. Cela veut dire que cette émission, même si elle fait perdre la Foi à certains, fera du bien, « dans la perspective d’un progrès de l’intelligence croyante grâce à l’exégèse critique et aux recherches historiques » ! “Une lecture authentiquement ecclésiale des Écritures honore la confession de foi et donne sa place à un travail de l’intelligence au service d’une croissance du sens du texte. Nous savons quelles difficultés éprouvent des chrétiens à entrer dans une telle perspective”. Madiran écrit : « Il y a en effet “des” chrétiens, et c’est le plus grand nombre, qui n’ont pas et n’ont jamais eu “à entrer dans une telle perspective” : c’est la perspective de l’érudition exégétique, historique, philosophique, théologique. Jamais le peuple chrétien n’a été appelé à connaître pour cela “les trois langues : la grecque, la latine, l’hébraïque”, ni même simplement le latin et le grec. Il est bon que les universités catholiques aient des érudits et des savants de première grandeur. Ne serait-ce que pour répondre décisivement aux attaques contre la foi catholique : ce que la Note ne fait pas. Elle abandonne le public au milieu des “difficultés” qu’elle lui a retransmises. Elle ne donne aucun repère, allant jusqu’à recommander “ces émissions” (…) le seul guide qu’elle désigne, c’est le tandem Mordillat-Prieur ».
La queue du diable
La Note conclut : “La présentation de certains résultats du travail des historiens aura pour effet de questionner et critiquer des représentations et convictions de foi de plusieurs parmi les chrétiens. Le fait que le christianisme en ses débuts apparaisse très diversifié et traversé par des conflits de personnes et de tendances théologiques déplacera les représentations trop hâtives et immédiates de la vie des communautés. L’adhésion du Concile de Jérusalem (Ac 15, 29) aux dispositions formulées par Jacques (Ac 15, 20), « frère du Seigneur » (Ga 1, 19), montrera l’influence de la famille de Jésus sur l’Apôtre Pierre et sur l’Église naissante. L’affirmation de l’existence de frères et sœurs de Jésus questionnera la compréhension de l’énoncé dogmatique de la virginité perpétuelle de Marie. La présentation de ces résultats…”. « Quels “résultats” ? Résultats de quoi ? Demande Madiran. Tant de “présentation” emphatique du “travail de la raison”, des “ressources de nos savoirs contemporains”, des “recherches historiques”, des “résultats scientifiques actuels” pour arriver à l’affirmation de ce résultat : quelques mots, c’est tout, quelques mots que l’on a toujours lus dans l’Écriture, les “frères et sœurs” du Seigneur et le “frère” Jacques, quelques mots qui au cours des siècles ont été discutés et retournés dans tous les sens, de saint Jérôme à Renan ! L’opinion réfutée déjà par saint Jérôme, reprise néanmoins par Renan, “la signification du mot araméen traduit en grec par ADELPHOS est identiquement la même que celle du mot frère”, présentée par les commissaires doctrinaux comme une découverte récente pour impressionner les profanes, c’est du charlatanisme. Et un charlatanisme orienté, un charlatanisme méchant.
Remarquez en effet : la contradiction évoquée entre l’existence des frères et sœurs de Jésus et le dogme de la virginité perpétuelle de Marie conduit, selon les commissaires, à mettre en doute le dogme, et nullement l’existence. Comme s’il était acquis une fois pour toutes que c’est le dogme qui est à contester, tandis que l’existence des frères et sœurs serait incontestable. Le parti-pris est manifeste de créer des “difficultés” aux chrétiens et de les “déstabiliser” dans leur foi. Quel autre sens pourrait donc avoir l’intention de questionner la compréhension de l’énoncé dogmatique de la virginité de Marie, si ce n’est de suggérer une compréhension “spirituelle” et non pas “physique” ? Et d’ailleurs les commissaires doctrinaux eux-mêmes ont-ils une “compréhension” de cet énoncé dogmatique ? Pourquoi font-ils un “questionnement” sans esquisser de réponse ? Pourquoi cachent-ils ce qu’est leur propre compréhension ? À moins qu’ils n’en aient aucune ? Ils nous avertissent d’ailleurs qu’ils n’ignorent pas les “effets déstabilisants” de leur démarche, c’est la dernière phrase de la Note :
“La présentation de ces résultats, au-delà de ses effets déstabilisants, invite à un sain travail d’intelligence théologique qui conduira à revisiter la tradition et l’histoire de l’élaboration des dogmes chrétiens pour mieux les entendre et en vivre”. Point final.
“Mieux les entendre” : parce que jusqu’aux “résultats” recensés par Prieur et Mordillat on les entendait mal.
Comme ce ne sont pas les commissaires qui le diront, ni même qui y feront la moindre allusion, et comme aucune autorité dans l’Église n’a cru nécessaire de l’opposer à cette Note prétendument “épiscopale” et “catholique”, nous rappellerons ici la réponse faite depuis des siècles, mais que plus d’un lecteur aujourd’hui ne saurait où chercher ni auprès de qui la demander. Les “frères” de Jésus ne sont pas des fils de Marie mais des proches parents : l’araméen n’avait pas d’autre mot que “frères” pour les désigner. Parler aujourd’hui, en français, de “frères” du Seigneur, sans autre explication, c’est jouer sur le quiproquo et c’est une honteuse imposture. À lui seul le mot frères ne permet pas de trancher s’il s’agit de frères selon la chair ou bien de cousins ou de proches parents. Mais la tradition catholique l’a toujours affirmé : Marie n’a pas eu d’autre enfant que Jésus, cela ressort de l’Écriture. Sa réponse au message de l’ange lors de l’Annonciation exprime une volonté de demeurer vierge (Lc 1, 34). Aucun passage scripturaire ne présente les “frères” de Jésus comme des fils de Marie (Mc 6, 3). Jésus apparaît toujours comme l’unique enfant au foyer de Nazareth. Quand, à l’âge de douze ans, il accompagne ses parents au Temple, il est manifestement leur seul enfant. Et enfin, lorsque Jésus en croix confie sa mère à l’apôtre Jean (Jn 19, 26-27), cela serait inexplicable si Marie avait eu d’autres fils. Telle a toujours été la pensée de l’Église, aujourd’hui impunément bafouée par la mutinerie doctrinale des commissaires doctrinaux, qui lancent leurs “frères et sœurs” de Jésus comme un défi direct à l’énoncé dogmatique de la virginité de Marie.
À plusieurs reprises dans leur Note, ces commissaires manifestent un mépris de charlatans et une terrible méchanceté spirituelle à l’égard de “plusieurs parmi les chrétiens”, dont ils savent bien “quelles difficultés ils éprouvent à entrer dans une telle perspective” parce qu’ils ont des “convictions de foi” auxquelles on fait subir d’insistants “effets déstabilisants”. C’est honteux. Mais par delà, loin, très loin par delà cette méchanceté et ce mépris, il y a leur effrayant outrage à la Très Sainte Vierge Marie mère de Dieu, mère de l’Église et notre mère, reine des Anges et reine des cœurs. L’outrageante suspicion sur sa virginité ne leur a été possible que par un obscurcissement de la foi. Je leur souhaite d’avoir devant la Miséricorde l’excuse d’une ignorance spirituelle invincible. Au for externe, la responsabilité du président de la commission, Son Excellence le commissaire Jean-Louis Bruguès, par ailleurs évêque d’Angers, est épouvantable. Et quid de celle de Jean-Paul II qui donna son “autorité” à ces évêques ? Elle l’est encore plus.
Conclusion
Les documents de la commission doctrinale sont acceptés et approuvés par la Conférence des évêques de France. Un épiscopat qui approuve et fait l’éloge d’une Bible, jugée par deux évêques ni chrétienne ni catholique, dans laquelle on soutient que les Évangiles ont été écrits par un inconnu qui s’est servi de la littérature de l’antiquité orientale et occidentale en choisissant les textes en fonction des besoins des fidèles. Un épiscopat qui fait l’éloge d’une chaîne de télévision hostile au catholicisme, et qui encourage à voir son émission faite par deux journalistes connus pour avoir suggéré que Jésus n’a jamais existé. Un épiscopat qui considère que nier la Divinité de Jésus ne contredit pas la Foi catholique. Un épiscopat qui affirme que c’est une illusion de croire que le Christ de la foi est historique et objectif. Un épiscopat qui considère que les chrétiens peuvent être aidés dans la connaissance de la naissance du christianisme par une émission où l’origine du christianisme est présentée comme un événement purement humain, sans aucune intervention divine. Un épiscopat qui considère comme secondaire qu’en voyant cette retransmission, des chrétiens perdent la foi. Un épiscopat qui pense que l’on peut mettre en doute l’énoncé dogmatique de la virginité de la Sainte Vierge. Un épiscopat qui considère qu’il faut revisiter les dogmes pour mieux les entendre et les vivre. Un tel épiscopat est-il encore catholique ? Les mots : “Qui vous écoute m’écoute” que Notre-Seigneur a adressés à l’Église hiérarchique valent-ils aussi pour lui ? Peut-il en somme constituer la Hiérarchie de l’Église Catholique ? La Foi nous répond : non ! Notre-Seigneur ne s’est pas trompé quand il a prononcé ces paroles : mais il s’adressait à la Hiérarchie fidèle à la doctrine, non à un épiscopat qui contredit les vérités dogmatiques en détruisant la Foi et en démolissant l’Église. Et comment peut-on en conscience être en communion avec cet épiscopat ? Ces évêques, même en ayant reçu la nomination légale pour occuper les Sièges Épiscopaux, s’ils ne professent pas la Foi intègre n’obtiennent pas de Dieu l’Autorité qui les constitue membres de la Hiérarchie de l’Église. Cette conclusion est nécessaire pour tout fidèle, s’il ne veut pas être entraîné dans une quelconque dérive hérétique ou schismatique.
Bibliographie
JEAN MADIRAN
La Trahison des commissaires
Consep, 2004. Versailles. 65 p., 10 €.
Note
1) Enseignement développé par Jean-Paul II : “Les communautés de chrétiens non-catholiques ont en commun avec l’Église catholique une commune foi apostolique en Jésus-Christ Sauveur”. Discours aux représentants des autres religions chrétiennes à Nairobi, le 7-05-1980, O.R. 20-05-80, p. 9.